Les Chroniques d'Arkzagouiligouiliblablouille ...

En l'honneur d'un profond manque d'inspiration ^^

Fuir. Ce mot avait toujours eu une signification très spéciale pour Needje. Fuir face aux envahisseurs de Trianii. Fuir les esclavagistes. Fuir le seul monde qu’il n’ait jamais connu. Fuir sans rien pouvoir faire...

Même une fois le Secteur Corporatif quitté, le Trianii trouvait toujours un contrebandier sans scrupule qui tentait de lui mettre la main dessus pour le rapporter à l’autorité voisine, moyennant une considérable prime.

Cette chasse à l’homme incessante avait finit par faire de lui quelqu’un de particulièrement renfermé et méfiant. Ses années d’errance combinées à un talent instinctif avaient fait de lui un combattant aussi silencieux que meurtrier, discret que destructeur. Passant de proie à prédateur, il prenait depuis un certain nombre d’années plaisir à chasser de grosses proies, évitant néanmoins les chasses aux esclaves, par simple respect de soi-même !

Needje approchait de son vingt-cinquième printemps. Dans la fleure de l’âge, il croyait en la puissance des armes, mais préférait de loin utiliser ses propres moyens pour abattre sa cible. Il lui en avait coûté de nombreuses années de souffrance et d’entraînement perpétuel, mais maintenant... Ses clients pouvaient en bénéficier sans retenue.


Corrnii. Paysages tempérés, parfois désertiques, parfois enneigés, mais la plupart du temps, tropicaux. Une planète magnifique aux immenses plaines de verdures, découpées par des montagnes pas très hautes, mais aussi vertes et majestueuses.
Dommage que la guerre civile y régnait depuis la fin du règne impérial.
Principalement peuplée d’homme, l’Ordre Nouveau avait fait son chemin dans la mentalité des natifs humains, et ceux-ci en avaient profité pour s’arroger tous les pouvoirs administratifs de la planète. Mais une grande partie de la population ouvrière, et humaine, n’avait rien à envier aux non-humains qui cohabitaient avec eux. Ils étaient obligés d’aller vivre dans les forêts les plus reculées pour ne pas avoir à craindre le joug des forces loyalistes. De petits groupes rebelles s’étaient formés ici et là, sans grande cohésion. Un homme, néanmoins, avait décidé de faire avancer les choses.

Natif de la lointaine Jabiim, Acumu Stratus descendait d’un ancien chef militaire qui avait fait front à l’Ancienne République durant ses dernières heures. En quête d’un honneur perdu ou de simples richesses, le fin tacticien avait décidé de s’arroger le pouvoir de la rébellion, engageant à son compte un nombre important de mercenaires et chasseurs de primes – du moins ceux qui acceptaient.
On recherchait activement des éclaireurs potentiels, capables de patrouiller sans problème les limites des territoires respectifs. Needje avait accepté le boulot, se disant que cette expérience ne lui ferait pas de mal. D’autant plus que s’il se forçait, il pourrait trouver des contacts fort intéressants parmi les troupes régulières.


Ils venaient tout juste de sortir de l’hyperespace, en provenance d’un astéroïde officiellement inoccupé. La petite navette aux contours effilés traversait gracieusement les couches de nuages noirs, parfaitement dissimulée par son blindage foncé. Spectacle aussi silencieux et impersonnel qu’à l’intérieur du vaisseau : une dizaine de non-humains en tous genres, tous se ressemblant dans leur différence.
Pas un ne disait mot. Et pourtant, ils devraient passer les semaines à venir ensembles.
Un lieutenant de l’Armé Renégate – sûrement le seul humain de l’équipage, sans compter le pilote – vint rejoindre la petite équipe à l’arrière du vaisseau. Un vieux barbu à l’uniforme aussi non conforme que tous les autres du même grade.
« - On vous dépose dans une clairière à quelques kilomètres des lignes ennemis. Faites attention à ne pas vous faire prendre... »
Pas même souhaité bonne chance, fit remarquer un Farghul à l’allure plus esthétique que pratique. Needje lui répondit d’un sourire renfloué, un peu comme tous les autres éclaireurs du groupe.

La lumière aux infrarouges, créée à l’intention des espèces qui ne voyaient pas toujours sur les mêmes fréquences qu’un simple humain, se mit à clignoter fébrilement. Puis, ses phases allumées se firent plus longues, avant de rester allumée, tandis que la porte du hangar s’ouvrait dans un silence cassé par la dépressurisation. Personne n’osait vraiment se lever, attendant de voir le vaisseau se rapprocher du sol. Mètres après mètres, la navette se rapprochait d’une tourbière peu sûre à vue d’œil.
« - Les gars... »
Un Iktotchi, qui regardait nerveusement le ciel gris qu’on voyait peu à peu apparaître par la trappe. Tous regardèrent dans cette direction, mais rien. Du moins, le temps que le Farghul le fasse remarquer, juste avant qu’on vit sortir d’une couche nuageuse un petit appareil, de toutes évidences, un engin similaire aux traîneaux de patrouille impériaux. Outre la surprise de voir déjà l’ennemi, la plupart se demandaient ce qui avait pu prévenir le cornu.
« - Sautez !
- Quoi ? ...
- Sautez !! » Donnant l’exemple, l’Iktotchi monta la verrière toujours en mouvement pour sauter directement dans le marécage... Plusieurs autres firent de même, convaincus par l’initiative du pseudo-voyant. Il ne restait que Needje et le stupide Farghul, trop attaché à sa fourrure lustrée par ainsi sauter dans la boue... Sans même lui en dire un mot, le Trianii l’attrapa par une patte et le projeta littéralement par-dessus bord, suivant de peu ses compagnons de fortune.
Pourquoi ? Un bruit de missile ultrasonique suivit d’une explosion d’enfer lui donnèrent sa réponse, qu’il trouvait largement suffisante. Par contre, l’Iktotchi aurait à s’expliquer.
La navette percutée ne survécut pas à l’impact, allant s’affaisser à la limite de la clairière, contre un arbre plus résistant que tous les autres qu’il avait écraser sous son passage.

Silence. Personne ne disait un mot. Pas même l’impertinent Farghul, mais on se doutait bien qu’il était plus préoccupé par la boue que par sa survie miraculeuse. Le temps s’arrêtait autour d’eux, ne se rendant même pas compte que le petit airspeeder passait à grande vitesse au-dessus d’eux sans les voir – leur camouflage version bouette était particulièrement réussi !

Le Farghul s’appelait Looh’Rin, principalement ici pour la prime promise. Adriaah, l’Iktochi, ne pouvait pas expliquer ce qui lui était arrivé au moment de l’attaque, et ne voulait tout simplement pas dire pourquoi il s’était engagé en tant qu’éclaireurs. Gaah’rie était un natif de Kin’yen, tandis que Miirgua venait d’Iotra. Il oublia très tôt le nom des autres, ainsi que leur visage, sinon un seul, un Chiss. Silencieux. Invisible. Shriin.

Il pleuvait sans arrêt et chacun maudissait qu’on ne les ait pas prévenu avant qu’il faisait un temps de chien dans la région. Ils s’étaient concocté un petit abris fabriqué avec les restes de la navette, récupérant même un des canons laser encore en état, qui pourrait toujours servir en cas d’affrontement sérieux. Couplé à l’un des réacteurs plus ou moins remis en marche, on pouvait sans difficulté découper un arbre de plusieurs mètres d’épaisseur – le genre de tronc utilisé pour leur abri.

Needje, contrairement à la plupart des autres éclaireurs, se sentait parfaitement bien dans cet environnement qui avait son lot de ressemblances avec Trianii. Perché au sommet du plus grand arbre du secteur, il observait avec une lunette l’avant-poste ennemi qu’ils avaient découvert à peine quelques jours après leur arrivée. Attentifs, ils guettaient le moment opportun pour y faire une percée, ramassant de jours en jours le plus d’informations sur leurs défenses. Murs blindés. Tourelles blaster. Quelques gardes en patrouille sur le haut des murailles, mais rien de très sérieux.

L’attaque avait été planifiée pour le début de la semaine suivante. L’Iktotchi pressentait que la météo serait avec eux et cette date leur permettait d’encore mieux préparer leur plan d’action, tandis que les loyalistes auraient encore quelques jours pour se morfondre un peu plus. Il y aurait quatre groupes distincts, chacun prenant le fort du nord, du sud-est et du sud-ouest, tandis que le dernier – constitué d’un seul homme et du canon laser monté sur un chariot tout ce qu’il y avait de plus rudimentaire. Dissimulé derrière les arbres, Gaah’rie devrait atteindre les hautes tours du fortin avec le puissant canon, pour permettre aux autres d’entrer discrètement dans la pagaille et de se débarrasser de tous les hommes présents.

Les jours passaient. Le mauvais temps encore plus pluvieux semblait donner raison à Adriaah. Rien de ce qu’ils avaient pu apprendre ces derniers jours ne risquait de compromettre leur plan.

Lundi soir. Il y avait eu des orages durant toute la journée. Brouillard. Grêle, même, à un certain moment de la journée. Mais tous étaient imperméables à ces intempéries, trop excités rien qu’à revoir entre eux la démarche à suivre.

« - Il y aura carnage, ce soir ! ... »

Needje et un autre patrouilleur partait en éclaireurs voir si tout allait comme ils l’escomptaient, tandis qu’on préparait le canon laser pour son trajet en carriole, rustiquement traîné par Gaah’rie et Miirgua, qui finalement, avait décidé de rester avec son compagnon. Les autres membres du groupe partaient tous deux dans la direction qui leur avait été confiée.

Perché au sommet d’un grand sapin, Needje fit signe au canon laser juste sous lui, qui lui-même ouvrit le feu d’un premier tir droit vers la tourelle auxiliaire du site. C’était le signal de départ.
Les deux éclaireurs frappaient de front – oui c’est fou comme un plan peut changer en peu de temps ... – tandis que les deux autres groupes – réduits à trois membres chacun – s’occupaient du sud-est/sud-ouest. Le canon laser continua à offrir un feu nourrit vers les points de défense, tandis que Needje était à peine sur le point de passer par-dessus la muraille d’un quadruple saut périlleux. Il ratterit sur la petite passerelle, établit rapidement la situation autour de lui et trancha une première jugulaire d’un coup de griffes acérées.

Presque instinctivement, il évita d’un second saut une rafale de blaster, profitant du moment passé dans les airs pour mieux visualiser la scène. Il se rétablit carrément sur celui qui avait tenté de le tirer, l’écrasant sous le poids de ses puissants muscles. S’en suivit un bal de coups précis et meurtriers, tranchant et écrasant autant qu’il était nécessaire pour débarrasser toute la muraille – pas sans se prendre quelques tirs perdus, il ne pouvait le nier, mais comme tout félin qui se respecte, ça n’avait été qu’une surdose d’adrénaline qu’il avait ajouté à son taux anormalement élevé.

La porte principale finit par tomber sous les coups répétés du canon laser. Gaah’rie en avait profité pour nettoyer l’intérieur du fortin, mais dû rapidement s’arrêter, voyant ses propres alliers apparaîtrent sur le théâtre des affrontements.

Chacun se défendait à sa manière, certains moins bien que d’autres, quelques uns de manières aussi instinctive que Needje ; étrangement, le Chiss faisait parti de ceux-ci. Maître d’un art perdu, il semblait aussi aisé pour lui de tuer que de croquer une pomme par un après-midi d’été... À la fois une délivrance et une besogne, son visage totalement inexpressif cachait sûrement quelques sombres secrets.

Needje, pragmatique, se dit qu’il valait mieux le laisser faire son boulot, qu’il lui poserait ses questions plus tard...

L’affrontement fit rage à l’intérieur. Presque chaque membre de la patrouille était des guerriers entraînés, capables de rivaliser avec une demi douzaine de gardes chacun... Autant avouer que ceux-ci n’avaient rien des gardes d’élite dont on entendait souvent parler.

« - Le fort est vide. »

Tout du moins, c’était ce qu’affirmait le Farghul avec une certaine pointe de fierté, comme s’il y avait été pour quoi que ce soit... Un dernier tir de blaster, et ce fut chose faite.

Le Chiss prit directement les commandes.

« - Fouillez les bâtiments pour être bien certains qu’il ne reste personne. Deux hommes qui s’y connaissent en électronique, on monte aux communications. On appel du renfort. »

Et alors que Needje restait à l’extérieur pour monter la garde, les hommes s’activèrent selon les ordres et désirs du petit bonhomme bleu...

[edit anonyme] T'as un vrai talent pour les fanfics toi ^^

[Vous êtes trop bon, M.Anonyme ]

Les renforts rebelles arrivèrent rapidement. Au début, l’état-major ne croyait pas vraiment qu’une escouade officiellement perdue ait réussi à prendre un fortin à elle seule, avec l’aide d’un unique canon laser monté sur une charrette tout ce qu’il y avait de plus minable...
Mais heureusement, Shriin savait parler aux officiers et les convainquit facilement de venir en renfort pour assurer leur position. Ils ne furent pas déçus. Le temps que des soldats vérifient la sécurité des lieux, on établit finalement un avant-poste permanent au fort nouvellement baptisé Black and White, nom de code BaW. C’étaient les gars de la patrouille qui avaient choisi ce nom, faisant référence au changement de camp qu’avait connu l’endroit...

« - Vous aurez tous droit à la médaille d’honneur, messieurs. Vos actes le valent largement!»
Ce n’était pas ce qui impressionnait le plus Needje, mais il ne voulait pas paraître trop pessimiste devant les autres, qui visiblement, prenaient avec beaucoup plus de sérieux ce symbole de bravoure...

Et maintenant ? Avait-il demandé à un des officiers présents. Celui-ci lui avait dit très vaguement qu’une prochaine mission les attendait quelque part ailleurs... En fin de comptes, à peine eut-il reçu sa médaille qu’il prit le premier transport jusqu’à l’astéroïde-pirate, où une navette les enverrait à leur destination choisie.

Les Trianii n’avaient jamais eu bonne réputation auprès des autres peuplades. Au mieux, il s’agissait d’un peuple décadent qui ne méritait pas d’être pris en esclavagisme par les bureaucrates du Secteur Corporatif. Au pire, on ne prenait pas deux secondes avant de leur tirer dessus, ramener leur carcasse fumante au gouvernement le plus proche pour empocher sa prime.

Coruscant, sous contrôle néo-républicain, faisait plus ou moins exception à la règle. Needje avait choisi d’aller y faire un tour, pour voir de quoi il en retournait.



Entre temps, à l’autre bout de la galaxie...

Le petit vaisseau républicain était en orbite d’Abregado-Rae. Le Transporteur d’Escorte brillait sous les rayons de la géante gazeuse du système. Les canons laser du petit croiseur avaient tous été activés depuis son arrivée dans le secteur. En effet, les environs n’étaient pas sécuritaires pour le premier vaisseau néo-républicain venu... Mais parallèlement à cela, Fayk savait que les défenses d’Abregado-Rae suffiraient amplement à calmer les fureurs impériales.

L’ordinateur affichait des tonnes et des tonnes d’information stratégiques, données financières et tactiques, rapports d’informateur et des différents vols d’exploration. Avec le dernier « surplus budgétaire », appelons-le ainsi, il apparaissait clair qu’il fallait au mieux utiliser ces crédits.

Comment définir ce qui est mieux pour la Nouvelle République... Jugement bien compliqué...

Au moins, il avait la satisfaction de savoir que certains ici avaient encore le sens des responsabilités.

« - Le dernier rapport vient d’arriver, Commandant. Encore rien. »

Il n’y avait rien de surprenant à cela... Mais c’était nécessaire de continuer ces explorations... Pendant qu’ils en avaient encore le temps...

« - Vous savez ce qu’il vous reste à faire. » Sans même répondre, le sous-officier sorti du bureau pour vaquer à ses travaux, laissant seul l’homme à peine plus vieux que lui, mais qui avait sur lui le poids d’une nation entière. Les mains croisées derrière le dos, il observait d’un œil rêveur la nébuleuse d’Abregado à travers la vitrine blindée. Un point faible évident aux yeux d’un ennemi. Mais de la même, ils ne pouvaient rester cloîtrés dans cette boîte de conserve... Tout comme il fallait garder un minimum de liberté avec ses hommes, tout en gardant une cohésion nécessaire. Bien difficile équilibre.

Le commandant jeta un coup d’œil à son ordinateur encore ouvert. Ses derniers calculs étaient clairs : encore trois jours et la construction du Temosare serait finie. La commande avait coûtée chère, mais les ingénieurs de Mon Calamari n’étaient pas des incapables, c’était bien connu...
Il avait personnellement veillé à ce que le Temosare ressorte encore plus du tas des autres croiseurs. Il ne serait pas seulement unique, mais on verrait bien que ce serait le sien.

Il faudrait ensuite veiller au financement de l’ARC... Un projet coûteux qui risquait d’engouffrer des sommes astronomiques... Mais qui en valait bien la peine.

La lutte ne serait pas vaine.

Majestueux dans la splendeur infinie de l’espace, le Temosare traversait les flots immatériels du vide interstellaire. Le tout nouveau Croiseur Mon Calamari venait à peine de sortir des chantiers du QG rebelle, que Fayk avait tenu à en faire son vaisseau personnel, laissant le Priest sur Abregado-Rae.

Logiquement, le commandant avait dû transférer tous ses ordinateurs dans son nouveau bureau, aux formes et pourtours tellement plus agréables et naturels que ceux du Transport d’Escorte qu’il utilisait précédemment... Un calme et un sentiment de sérénité qu’il appréciait tout particulièrement. Un équilibre entre la force destructrice et un confort pas très loin de la perfection...

Anormalement serein, le commandant observait d’un œil attentif le rapport sur les nouvelles flottes qui décidément, avait fait un bond phénoménal depuis quelques jours... Fayk ne pouvait qu’en être plus calme et moins énervé ; au moins la défense de chacun serait relativement assurée.

Les rapports continuaient d’affluer. Et les chantiers spatiaux marchaient à plein régime, que ce soit au QG ou sur les autres mondes néo-républicain. Il n’avait aucune idée de la manière qu’avançaient les choses chez les impériaux – leurs principaux adversaires – mais il avait au moins la certitude que leur avance ne pouvait pas être si écrasante, à ce demander si ce n’étaient pas eux qui commençaient à prendre de l’avance sur les vestiges d’un empire embrouillé...



Coruscant semblait bien tranquille, depuis sa prise par les Républicains. Needje, assis au premier bar qu’il avait croisé dans les rues, observait d’un œil hagard les speeder passer à toute vitesse, tandis que le trafique spatial n’en démordait toujours pas. Coruscant ne dort jamais, qu’on disait. C’était bien vrai. Tout cela ressemblait à une immense fourmilière où chacun d’eux devaient travailler, d’une manière ou d’une autre : certains travaillaient au plaisir des autres, alors qu’eux travaillaient à avoir du plaisir... Ça pouvait paraître dément, mais rendu à un certain point, trop c’est pas assez.

Carrément, Needje se demandait s’il ne faisait pas parti de cette fourmilière déchaînée, sans même qu’il ne s’en rende compte. Un chasseur de primes. Un tueur. Quelqu’un qui servait les intérêts morbides d’autrui... En quoi différait-il de la simple prostituée ? Ce n’était qu’une question de point de vue.
Un bref frisson passé, le Trianii se releva et lança quelques crédits au tenancier avant de sortir du bâtiment.

Les choses étaient rarement telles qu’on le croyait. La vie n’est pas toujours comme on le souhaite. Needje ne trouvait plus d’inspiration dans cette vie de meurtres et de chasse à l’homme, meurtri par un boost d’adrénaline qu’il ne ressentait plus.

Pourquoi s’était-il engagé ? Parmi les régiments innombrables de la Nouvelle République... Certainement pas par idéologie, pour un gouvernement qui n’avait rien fait pour libérer son peuple. L’argent ne lui manquait pas non plus. Encore moins l’action... Peut-être avait-il prit un coup de trop, l’alcool du coin devant être particulièrement fort. Quoi qu’il en était, le Trianii se retrouvait engagé dans un régiment de combattants wookies. Mal réveillé, écrasé dans une couchette, il lu sans intérêt les informations affichée au tableau, et réalisa alors seulement l’ironie de la situation : un Trianii engagé dans un régiment de wookies à bord d’un croiseur Mon Calamari, le Temosare, sous le commandement d’un Humain. Needje voyait mal comment faire plus diversifié que cela...

« - Vana Squadron, préparez-vous à appareillez. Feu vert dans 5... 4... 3... 2... 1... Ouverture du sas ! »

Invisibles lorsque fermées, les portes à hangar du Croiseur Calamari Temosare s’ouvrirent dans une dépressurisation parfaitement silencieuse et laissant voir aux pilotes un soleil subtilement éclipsé par le monde voisin à Neo-Republica. Ils étaient tous des pilotes confirmés, expérimentés et capables d’affronter les forces impériales, mais aucun ne pouvait se dire blasé de ces spectacles stellaires. Les X-wing, déjà en suspension avec leurs répulseurs, sortirent deux par deux du hangar avant d’activer leurs moteurs subluminiques dans de soudains éclats d’une lueur blanche éblouissante.

« - Vana Squadron, ici Vana Un. En formation serrée, A-35 au quatrième parallèle. Engagez les torpilles factices. Temosare, activez les cibles leurres. L’exercice peut débuter... Bonne chasse ! »

Unique pilote à ne pas prendre immédiatement part à l’entraînement, Fayk, qui se trouvait à être le commandant de l’unité d’élite Vana Squadron, observait chaque engin partir dans la direction qui lui avait été assignée, tandis qu’il se laissait rêver à ce nom, Vana : une femme, intelligente et belle, mêlant sadisme enfantin et humour noir, dans une harmonie qui étonnait la plupart du temps. C’était ce qui faisait son charme, en plus de ses nombreux autres talents...

Vana, nom qu’il avait choisi pour baptisé l’unité à laquelle il prendrait part pendant les affrontements, en l’honneur de cette amie qu’il avait perdu de vue depuis trop longtemps à son goût.

Mais tu dois penser au présent, maintenant. Pour elle...

Un dernier soupire derrière lui, et Fayk passa en mode offensif, ouvrant ses ailes pour qu’elles donnent enfin raison au nom devenu légendaire de cet engin, résistant et agile, puissant et diversifié, qui servait dans les forces de l’Alliance Rebelle depuis ses quasi – début, jusqu’à ceux de la Nouvelle République. Aujourd’hui, c’était à eux d’écrire l’Histoire avec ces engins...

Il jeta un dernier coup d’œil à sa trajectoire tactique avant de s’y jeter au jugé, tentant de repérer et de viser à l’œil nu les cibles qui avaient été placées aléatoirement dans un secteur réservé à chaque pilote de l’escadron. Il repéra très vite la petite lueur rouge caractéristique des cibles leurres. Calme, il prit largement son temps pour viser, aussi naturellement que possible, l’engin à répulseurs avec ses quatre canons, alors qu’un seul fut nécessaire à l’oblitération de la petite machine. Fayk répéta l’acte deux ou trois fois, avant d’y aller beaucoup plus rapidement, murmurant une dernière prière aux quelques dieux qui existaient, peut-être, « dans le ciel de l’Univers », avant de tirer coups sur coups dans chacune des cibles d’entraînement. Très vite, le Commandant vint à bout des vingt cibles leurres qu’on avait préparé pour lui et revint devant le Temosare, où l’attendaient déjà tout le reste de l’escadron. Il en fut rassuré, pouvoir se dire que chaque pilote ici étaient plus expérimentés que lui, était un grand réconfort. Il pourrait compter sur eux lors des affrontements réels.

« - Alors, Commandant, vous vous êtes pas flinguez vous-même j’espère ? »

« - Pas encore, mais t’inquiète pas, ça risque de venir un de ces jours... Bon, entraînement fini, vol libre pour trente minutes dans le secteur HD-36. Faites attention à vos radars... Et pas de crash inutile, merci ! »

C’est sur cette dernière remarque ironique qu’il quitta la formation pour revenir à l’intérieur du hangar de l’immense Croiseur Mon Calamari, peiné de déjà devoir se remettre la tête dans les débats administratifs tandis que ces pilotes pouvaient profiter de leur jeunesse... Une jeunesse qu’il était en train de perdre, au profit de la Nouvelle République.

Cela vaut sûrement mieux ainsi...







Pendant ce temps-là, dans les salles d’entraînement de ce même croiseur non-humain... Un régiment entier était en horaire d’entraînement, quelques uns pratiquaient le tir, tandis que d’autres, Needje y comprit, amélioraient leur combat au corps à corps.

Comparativement minuscule, le félin faisait face à un Wookie dans la fleur de l’âge, avec qui il s’était très vite lié d’amitié dans les cantines (surpeuplées) du croiseur auquel il était attaché. Beelçaw était immense, presque deux mètres quarante de haut, un pelage particulièrement foncé pour les gens de son espèce, et une force sans pareille. Les deux amis avaient prit l’habitude de s’affronter à l’ancienne, en n’utilisant que des bâtons en bois muorii, reconnus pour leur légèreté et leur résistance. Les deux guerriers enchaînaient les coups directs, les parades et autres feintes plus réfléchies depuis plus de quelques heures et le Trianii commençait à sérieusement fatigué, étant bien loin d’avoir la même résistance physique que son adversaire. Là où Çaw utilisait sa simple force physique, phénoménale, Needje était obligé d’y aller en finesse pour avoir une chance de ne pas finir mort, le crâne fracassé par un coup un peu trop puissant.

Il venait tout juste de se rétablir d’une dernière esquive en deux roulades avant, que le Trianii dû réitérer lorsqu’un coup d’estoc était à quelques pouces de le transpercer de part en part. Comprenant qu’ils ne se battaient plus vraiment à armes égales, Needje décida de lâcher son bâton, devenu inutile, pour attraper le bout tendu de celui du Wookie. Dans le même élan, il accentua brutalement l’élan du coup qui lui était d’abord destiné, envoyant plusieurs mètres plus loin l’énorme bête poilue : après tout, quand on savait utiliser la force d’un autre, multipliée par la sienne, cela pouvait donner un résultat intéressant. C’en était là un exemple frappant.

Lorsqu’il se retourna, Needje trouva son ami au pied du mur en plass métallique, où on voyait clairement la trace que Beelçaw avait creusé. Celui-ci se releva difficilement, non sans l’aide de son jeune ami.

S’en suivit ensuite une conversation dans le plus pur langage guttural possible : du wookie au trianii, du trianii au wookie, un simple humain n’aurait pas eu l’ombre d’une chance d’y comprendre quoi que ce soit.

« - Cruel, comme coup, la dernière. Mais efficace... Digne des nôtres ! »

« - Assez parler, Çaw... On sort pas tous des tréfonds de Kashyyyk, hein ! »

Il lui avait fallu quelques jours avant de faire comprendre ce genre d’humour à son ami, qu’il ne le prenne pas comme une insulte à toute sa nation... Une fierté patriotique bien présente chez eux !

« - On doit encore aller au briefing de mission... Quand on sait qu’il ne servira à rien... »